Wonhyo (essence et histoire de l’origine du sonmudo) – Épisode 1 – Introduction

Le moine Wonhyo
Le moine Wonhyo

Nous vous proposons une série d’épisodes sur la vie de
WONHYO
Le personnage historique qui a le plus influencé la pratique du sonmudo. À plus d un titre. D’après le livre de Jeong Byeong-Jo Wonhyo est un des plus grands penseurs et commentateurs dans le bouddhisme coréen ; il a contribué à introduire cette religion en Corée. Auteur de nombreux ouvrages, ce moine chercha à unifier les différents courants du bouddhisme et présenta la philosophie de hwajaeng, l’harmonie des disputes.

Date et lieu de naissance : 617 ap. J.-C., Jain-myeon, Gyeongsan, Corée du Sud
Date et lieu de décès : 686 ap. J.-C., Gyeongju, Corée du Sud
Livres : Cultivating Original Enlightenment: Wonhyo’s Exposition of the Vajrasamādhi-sūtra, Ijangui
Enfants : Seol Chong

Épisode 1

Alors que l’humanité progresse, dans ce 21 siecle, vers des niveaux sans précédent de richesse matérielle et de sophistication, les principes moraux, individuels et collectifs, se sont détériorés. Dans la poursuite résolue des avantages et du rationalisme, nous nous trouvons dans un monde ou tout est standardisé et considéré comme marchandise. Dans le monde entier, s’accroissent les inégalités de richesses et les tensions diplomatiques. L’hostilité entre religions et sectes grandit aussi. En ces temps de turbulences, nous nous tournons vers la vie et la philosophie du Maitre Wonhyo.

Le bouddhisme a été transmis à Silla (57 avant J.C. ~935) au début du 6e siècle. Silla a été le dernier des Trois Royaumes anciens de Corée à avoir reçu le nouvel enseignement. Au début, à cause de la complexité de ses doctrines et du caractère insolite de ses coutumes, le bouddhisme a été considéré avec méfiance par la majorité des gens. Pourtant, plusieurs rois consécutifs ont montré un intérêt croissant pour l’étude et la pratique de cette nouvelle religion, et ont encouragé sa propagation comme moyen d’unifier le pays. En conséquence, le bouddhisme s’est implanté dans le ceur des gens. Les premiers pionniers furent Ichadon, Ado, Wongwang et Chajang. Et plus tard, Wonhyo et Uisang qui passent pour avoir posé les fondements solides du bouddhisme en Corée.

Maître Wonhyo (617-686) est considéré comme le plus important de tous. Son influence s’exerça au-delà de la Corée, et on le tient en grande estime dans toute l’Asie orientale. Pendant sa vie, il a analysé dix des questions les plus controversées parmi les sectes bouddhiques de son époque et a tenté une synthèse des différents systèmes de croyance dans ce qu’il a appelé « Le bouddhisme d’un seul véhicule ». A partir de là, la tendance du bouddhisme coréen a été d’aller vers la convergence plutôt que vers la fragmentation. Wonhyo fut un des grands intellectuels de l’histoire, et a accumulé une somme remarquable de connaissances tout au long de sa vie. II a vécu en dehors des frontières de l’autorité et des formalités, choisissant de mener une vie de muae, ou de « non-contrainte » dans un face-à-face avec la réalité. Il tenta de supprimer la distinction entre le profane et le sacré et s’associa en toute liberté avec les gens ordinaires, prenant même part à la musique et à la danse. C’est là une des raisons pour lesquelles il continue à exercer une grande influence et commande un respect comparable aux grands artistes des temps modernes. Dans le portrait de Wonhyo, conservé dans le temple Kouzanji à Kyoto, auJapon, il apparait comme un jeune guerrier fougueux, et non pas, comme on pourrait s’y attendre, à un lettré modeste ou à un moine bouddhiste idéal. On rapporte que « ses actes et ses paroles étaient parfois largement immoraux, en transgressant les normes acceptables ». Malgré son apparence et sa conduite inhabituelles, on peut en déduire que sa vie fut, non pas immorale, dans le sens conventionnel du terme, mais, du moins, qu’il est allé au-delà des frontières établies. Pour cette raison, les récits de sa vie contiennent toujours quelques éléments de surprise. Il fait penser à un être surgi d’un monde futur, peu familier, plutôt qu’à une personne du passé. Wonhyo passe pour avoir écrit 100 ouvrages, totalisant 240 volumes au total.(Certaines sources parlent de 85 ouvrages et de 181 volumes). Bien que les originaux de ces oeuvres et les écrits ne soient pas arrivés jusqu’à nous, les copies de ces ouvrages, gravés sur blocs de bois, existent bien, et nous permettent d’avoir un aperçu exhaustif de sa philosophie. L’oeuvre de Wonhyo représente un sommet dans la tradition du bouddhisme Mahayana de l’Asie Orientale. Elle contient chacune des variantes du bouddhisme indien, qui sont parvenues en Chine, en Corée et au Japon, suivant ainsi le développement du bouddhisme primitif, après le Nirvana du Bouddha Shakyamuni. Après plusieurs siècles, les écoles fondamentales d’enseignement qui se sont développées par la suite, suivant le ministère de Bouddha Shakyamuni, se sont réduites à un petit nombre d’écoles, telles que La Voie-Moyenne, La Conscience-Seule, et La Fleur Ornement. Alors que tous ces thèmes de pensées entraient en Chine par des moyens très divers et tout au long de différentes périodes de temps, des sectes nombreuses et variées se sont formées et les querelles et les rivalités sont devenues choses fréquentes. Wonhyo n’a jamais étudié à l’étranger, cependant, il maîtrisait finalement les différents systèmes des croyances bouddhiques qui prévalaient dans les pays voisins et était capable de s’en approcher avec un certain degré d’objectivité. Finalement, ses propres idées finirent par exercer une profonde influence dans les contrées voisines, en Chine et au Japon. Wonhyo n’a jamais appartenu à une secte particulière, comme on peut le voir dans la façon dont il a mené sa vie.

Dans ses écrits, on sent une tentative de rompre avec le « sujet individuel », un problème clé dans la philosophie moderne.Un penseur qui s’est élevé au-dessus de la simple théorie et qui a mis ses enseignements en pratique, c’est surtout en cela que la vie de Wonhyo peut nous interpeller aujourd’hui. Wonhyo s’est heurté à de nombreuses critiques académiques, tout au long de sa vie. Il reste cependant seul, dans l’histoire deux fois millénaire du bouddhisme coréen, non seulement pour ses enseignements et ses profondes croyances, mais aussi pour la façon remarquable avec laquelle il a vécu. Sa vie a été le témoignage vivant de son enseignement. C’était un grand connaisseur de nombreuses écoles de pensée. Il s’est cependant élevé au-dessus du formalisme sectaire lié à une doctrine particulière. C’est pour cette raison qu’il est reconnu comme le fondateur du « Bouddhisme ‘syncrétique’». L’idéal qu’il poursuivait était une compréhension parfaite et holistique de la réalité et de l’idéal. C’est ainsi qu’il proposa « l’harmonisation des conflits » (Hwajeang), et pratiqua la « non-contrainte » (Muae). Dans le champ très large de ses connaissances, la sophistication de sa logique, dans ses actions et sa façon de vivre, qui ont, au bout du compte, surpassé toutes ses théories, nous trouvons les mérites d’une grande vie qui se doit d’être appréciée dans tous les âges et dans toutes les civilisations.