très belle gravure extrait d’un manuscrit du « Sūtra du Lotus » daté du XVIIe siècle. Peinture or et argent sur papier teinté à l’indigo. Copie commanditée par une famille japonaise influente. Deux buddha sont assis sur un trône de lotus à l’intérieur d’un stūpa, entourés par les Quatre Rois Célestes et une assemblée de moines et de bodhisattva.
Un des problèmes majeurs abordés dans le Sūtra du Lotus, et en fait dans quasiment tous les sūtra du Mahāyāna, est l’absence de buddha en ce monde et, par conséquent, la perte de son enseignement salvateur. Dans le chapitre « De la durée de vie du Tathāgata [le Bouddha] », le Bouddha révèle que des centaines de milliers de milliards de kalpa [ères cosmiques] se sont écoulés depuis son accession à l’Éveil, et que sa disparition du monde n’est qu’une illusion, nécessaire pour éviter que les êtres considèrent sa présence comme acquise : « J’ai toujours été là. Je ne mourrai jamais. » Ce processus de redéfinition du buddha en fait un symbole d’omniscience et de transcendance, une entité cosmique capable d’appeler à ses côtés d’autres buddha venus d’autres univers, afin de témoigner de la Vérité contenue dans ce merveilleux texte qu’est le sūtra qu’il délivre. Loin d’être perdus, les pouvoirs salvateurs du buddha sont démontrés par le fait que, depuis son apparition, des centaines de milliards d’êtres sont parvenus à sortir du cycle des renaissances. Lors de la prédication du Bouddha, précise le texte, des tambours célestes résonnent, et des pluies de joyaux tombent des cieux…
Le sūtra use abondamment de paraboles et de métaphores, dont beaucoup sont si couramment utilisées dans les littératures chinoise, coréenne et japonaise que des érudits occidentaux, spécialistes de ces cultures, ont été tentés de comparer l’influence du Sūtra du Lotus à celle de la Bible dans le monde chrétien. Certaines de ces paraboles, extrêmement populaires, sont passées dans l’usage courant…