Avez vous lu la première partie ?
Wohnyo naquit dans la nature sous un arbre. Juste à cet instant, cinq nuages de couleurs brillantes et contrastées enveloppèrent l’abri provisoire où maman accouchait. Les nuées se propagèrent bientôt dans la vallée toute entière et très vite après, on put entendre le cri du nouveau-né. On donna à l’enfant le nom de Sodang* puis wohnyo qui signifie “la levée du jour “.
Ce récit contient des éléments communs avec celui de la naissance de Bouddha Shakyamuni. Selon ce dernier récit, la reine Maya accoucha près du petit bois de Lumbini, sous l’ombrage de l’arbre ashoka (un sal tree). On raconte qu’à cette occasion, un rayon de soleil hospitalier venu tout droit du ciel, vint se poser sur l’enfant nouveau-né. Wonhyo, lui aussi, a vu le jour sous un châtaignier (appelé aussi sal tree) et sa naissance fut entourée d’un présage similaire… Sodang fut un enfant doué, décrit comme un prodige qui était capable de « Déduire dix choses après s’être penché sur une seule ». Comme c’était aussi un cavalier et un lanceur de javelot talentueux, il devint membre des Hwarangs (litt. fleur de la jeunesse), un groupe de jeunes soldats d’élite qui se soumettaient à des exercices rigoureux tant pour leurs corps que pour leurs esprits. Après s’être engagé dans la voie spirituelle, il prit le nom de « Wonhyo » et transformera sa maison en un monastère qu’il appela chogae. Plus tard, il y construisit un temple.
On ne sait pas exactement pourquoi il décida de quitter le monde à l’âge de 15 ans, alors qu’il était encore au service des hwarangs, ni au bout de combien de temps il prit sa décision. Un des récits dit qu’il fut le témoin de la mort d’un compagnon hwarang, pendant une bataille. Il se rendit compte ainsi de la brièveté de la vie humaine et se mit en quête de la réalité au-delà de la mort. Wonhyo appartenait à un milieu assez humble dans la société coréenne de Silla, et ses chances de promotion vers des postes de rang élevé au sein du gouvernement, restaient très faibles. Certains pourraient penser que le bouddhisme offrait aux membres du kolpum (classement de cadre coréen), l’opportunité de s’élever dans la société, en dépassant les limites imposées par le système hiérarchique. Cependant, vouloir expliquer la quête de Wonhyo dans la Voie, simplement comme un moyen d’ascension sociale, serait une interprétation très superficielle. Pour ceux qui sont entièrement donnés à la Voie spirituelle, succès et renommée de ce monde ne sont pas des objectifs en soi. Pour suivre la Voie, on doit mettre au-dessus de tout une vie vertueuse et dans ce contexte-là, les distinctions entre les personnes basées sur des questions de temps, de lieu et de rang social sont sans signification. Wonhyo écrivit un guide pour les jeunes en quête du spirituel appelé Palsim Suhaengjang (1’Éveil à la foi et à la pratique), qui reste une source d’inspiration et de foi pour tous ceux qui sont novices en bouddhisme. Ces récits étaient empreints de ses propres expériences de la pratique et reflétaient l’état d’esprit de sa jeunesse.
‘Une grotte rocheuse où résonnent les bruits des échos, faites-en le lieu de vos méditations. Que les oies sauvages qui crient dans la solitude deviennent les joyeuses compagnes de votre esprit. Et si vos genoux sont froids et engourdis par de continuelles prostrations, n’ayez pas de désir pour un feu. Et si votre estomac vide vous semble séparé du corps, ne vous mettez pas en quête de nourriture. Avant même de vous en rendre compte, vous aurez déjà cent ans. Alors, pourquoi négligez-vous d’apprendre ? La vie pourrait-elle être assez longue pour que nous la gaspillions et négligions l’étude ?”
Wonhyo
On pense que Wonhyo, homme en quête de spirituel, a reçu l’enseignement de maîtres éminents dans tous les domaines de la pratique. Il est aussi très probable qu’il a étudié sous la houlette de moines illustres tels que Nangji, Podok et Hyegong. Le mot « enseignant » est généralement associé, dans le bouddhisme, au lignage du Dharma et à la transmission continue du maître au disciple. Dans le cas de Wonhyo, il apparaît qu’il n’a eu ni d’enseignant dédié à sa personne, ni de disciples. Et ceci est hautement significatif. Un élève apprend avec un maître et devient à son tour le maître d’un disciple. De la même façon les parents élèvent leurs enfants qui deviennent parents à leur tour, et le cycle continue. La relation entre enseignant et disciple et la transmission continue de la tradition, grâce à cette relation, est une réalité commune à toute vie humaine, qui se reproduit de façon continue, Ne pas avoir de maitre signifie, par conséquent l’éveil à l’illumination par soi-même et d’exister en dehors des lois de cause à effet. Et donc, dire que Wonhyo n’a pas suivi un enseignant, c’est affirmer qu’il fut un être vivant qui a transcendé ce monde et ses lois naturelles…